Discussion:
Bonne Fête, Québec!
(too old to reply)
Brian G. Comeaux
2005-06-22 02:16:10 UTC
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Bonne fête, Québec!

Mon collègue éditorialiste Maurice Rainville se demandait il y a quelques
semaines "Où es-tu Québec? " en s' interrogeant sur sa visibilité en Acadie.
La question méritait d'être posée ! Pourtant, on ne peut pas nier que tout
ce qui se passe au Québec français crée des remous en Acadie, comme tout ce
qui se passe chez le géant américain a des incidences sur le Canada.

Ce ne sont pas les Acadiens qui vont décider des choix politiques québécois.
Mais, cette fois-ci, il serait naïf de notre part de prendre nos rêves pour
des réalités en refusant de croire que le Québec est plus près qu'il ne l'a
jamais été de son indépendance. Dans ce dossier, je suis, pour une des
premières fois probablement, le moins naïf d'entre-nous.

Il ne faut pas partir en peur pour autant. Le pays auquel pourrait accéder
le Québec n'est plus du tout le même que celui auquel aspiraient les
premiers indépendantistes des années soixante (60). Il n'y a plus dans le
monde ce genre de pays isolé, refermé sur lui-même, auto-suffisant dans son
coin. Tous les pays , quels qu'ils soient , sont devenus de plus en plus
interdépendants.

Jusqu'à maintenant, on a regardé la démarche québécoise vers plus d'autonomie
comme une démarche égoïste avant tout , de même que comme un geste de
traîtrise par rapport à nous, les Acadiens et les autres francophones au
pays. On a développé des sentiments d'abandon et de rancour par rapport aux
Québécois. Ça s'appelle aussi du ressentiment.

Étant tous des francophones d'Amérique et étant , nous Acadiens, reconnus
également comme l'un des deux peuples francophones d'Amérique avec les
Québécois, on n'a pas les moyens d'avoir du ressentiment entre-nous. Nous
devons nous comporter de part et d'autre de façon responsable face aux uns
et aux autres, afin d'assurer l'épanouissement et la pérennité des
francophonies d'Amérique. En tant que deux peuples francophones frères d'Amérique,
nous n'avons plus le droit de nous entre-déchirer.

J'ai déjà dénoncé en ces pages cette plaie du "Québec-bashing" que l'on
retrouve trop présente en Acadie. J'ai trop d'amis acadiens qui dénigrent
systématiquement tout ce qui est québécois, que ça soit fédéraliste ou
souverainiste. Mais j'ai aussi dénoncé cette fâcheuse tendance qu'ont nos
amis québécois à ne pas s'intéresser à nous suffisamment, et à être à
plusieurs occasions indifférents , arrogants et ignorants de ce que nous
sommes. Ce que je dis aux Québécois , c'est qu'en tant que majorité à l'intérieur
de la minorité francophone d'Amérique - ensemble on ne représente que 2% de
la population nord-américaine - ils ont la responsabilité de ne pas nous
traiter comme ils reprochent à la majorité anglophone canadienne de les
traiter. Comme nous les Acadiens du Nouveau-Brunswick, devront arrêter de le
faire par rapport aux autres Acadiens des Maritimes. Nous avons le devoir,
ensemble et entre nous, de mettre un terme à ce cercle vicieux du
dénigrement et du ressentiment mutuels. L'avenir de la francophonie en
Amérique du nord en dépend.

Il faut, comme Acadiens, ouvrir et intensifier le dialogue avec les
Québécois de toutes les allégeances politiques, qu'ils soient fédéralistes
ou souverainistes. Il faut arrêter de dramatiser sur l'éventualité de la
venue d'un Québec plus indépendant. Il faut jeter dès maintenant les bases d'accords
de réciprocité, à la René Lévesque, advenant toutes les éventualités, que ce
soit l'indépendance du Québec comme je le crois de plus en plus possible, ou
encore le renouvellement en profondeur de la constitution canadienne.

Parmi les facteurs créant les conditions favorables au cheminement du Québec
vers l'indépendance, il y a le fait que le gouvernement fédéral est de plus
en plus rébarbatif aux doléances québécoises, qui elles, sont de moins en
moins exclusivement québécoises. Le refus systématique du fédéral de
reconnaître le déséquilibre fiscal est une des plus grandes démonstrations
de cette nouvelle donnée. Même l'Alberta et l'Ontario sont entrés dans le
bal. Dans cette même logique, l'intrusion de plus en plus grande et
systématique du fédéral dans les champs de compétence des provinces que sont
l'éducation, la santé, les municipalités et autres, irritent les
susceptibilités provinciales au plus haut point. On accepte les chèques
fédéraux qui circulent à gogo tout en avalant de travers sa salive. Il y a
finalement deux autres phénomènes qui viennent renforcer la cause
souverainiste et entraîner le rejet du fédéralisme par les Québécois : ce
sont le scandale des commandites et la faiblesse du gouvernement fédéraliste
Charest .

Au delà des irritants politiques qui caractérisent les relations entre nos
deux peuples, il y a heureusement des relations à d'autres niveaux qui se
bonifient grandement. La tenue du Sommet économique Acadie-Québec du début
du mois à Edmundston doit être saluée positivement. La place de plusieurs de
nos jeunes artistes acadiens au Québec, sans que l'on dénature leur
identité, est à souligner. La présence de la Ligue du hockey junior majeur
du Québec dans sept villes des Maritimes apporte une sensibilité pour le
Québec, non négligeable chez une clientèle qui aurait tendance à être
anti-québécoise en partant. Et c'est amusant de voir des anglophones
anti-français hucher "Go, Gagné , Go" ou "Go, Bernier, Go". Il faut de plus
saluer la venue prochaine du Centre de formation médicale en Acadie grâce à
l'Université de Sherbrooke. Plein d'autres exemples semblables pourraient
aussi être mentionnés.

Une personne avertie en vaut deux, selon le dicton. Vous ne pourrez pas dire
que je ne vous ai pas averti ! D'une manière ou d'une autre, les événements
politiques courants sont en eux-mêmes des avertissements. Je crois
profondément qu'il faut que l'Acadie se prépare sereinement à toutes les
éventualités en ce qui concerne l'avenir du Québec, l'indépendance étant
plus que jamais une possibilité. Nous avons la responsabilité et le devoir
de commencer à définir dès maintenant des plans alternatifs. Nous avons
surtout à préciser , comme Acadiens du Nouveau-Brunswick, quel genre de
société plus autonome nous voulons pour nous-même. Ça pourrait faciliter nos
relations et nos discussions avec nos amis du Québec. Puisque c'est la fête
nationale du peuple québécois ce vendredi 24 juin, veuillez vous joindre à
moi pour leur souhaiter une bonne fête nationale.et même pousser l'effort et
la solidarité un petit peu plus loin en entonnant "mon cher Québec, c'est à
ton tour de te laisser parler d'amour".

Jean-Marie Nadeau

***@nb.sympatico.ca
Mark
2005-06-22 04:08:32 UTC
Permalink
Encore du "I love Québec"...

J'ai trouvé cependant un peu court...
Post by Brian G. Comeaux
Bonne fête, Québec!
Mon collègue éditorialiste Maurice Rainville se demandait il y a quelques
semaines "Où es-tu Québec? " en s' interrogeant sur sa visibilité en Acadie.
La question méritait d'être posée ! Pourtant, on ne peut pas nier que tout
ce qui se passe au Québec français crée des remous en Acadie, comme tout ce
qui se passe chez le géant américain a des incidences sur le Canada.
Ce ne sont pas les Acadiens qui vont décider des choix politiques québécois.
Mais, cette fois-ci, il serait naïf de notre part de prendre nos rêves pour
des réalités en refusant de croire que le Québec est plus près qu'il ne l'a
jamais été de son indépendance. Dans ce dossier, je suis, pour une des
premières fois probablement, le moins naïf d'entre-nous.
Il ne faut pas partir en peur pour autant. Le pays auquel pourrait accéder
le Québec n'est plus du tout le même que celui auquel aspiraient les
premiers indépendantistes des années soixante (60). Il n'y a plus dans le
monde ce genre de pays isolé, refermé sur lui-même, auto-suffisant dans son
coin. Tous les pays , quels qu'ils soient , sont devenus de plus en plus
interdépendants.
Jusqu'à maintenant, on a regardé la démarche québécoise vers plus d'autonomie
comme une démarche égoïste avant tout , de même que comme un geste de
traîtrise par rapport à nous, les Acadiens et les autres francophones au
pays. On a développé des sentiments d'abandon et de rancour par rapport aux
Québécois. Ça s'appelle aussi du ressentiment.
Étant tous des francophones d'Amérique et étant , nous Acadiens, reconnus
également comme l'un des deux peuples francophones d'Amérique avec les
Québécois, on n'a pas les moyens d'avoir du ressentiment entre-nous. Nous
devons nous comporter de part et d'autre de façon responsable face aux uns
et aux autres, afin d'assurer l'épanouissement et la pérennité des
francophonies d'Amérique. En tant que deux peuples francophones frères d'Amérique,
nous n'avons plus le droit de nous entre-déchirer.
J'ai déjà dénoncé en ces pages cette plaie du "Québec-bashing" que l'on
retrouve trop présente en Acadie. J'ai trop d'amis acadiens qui dénigrent
systématiquement tout ce qui est québécois, que ça soit fédéraliste ou
souverainiste. Mais j'ai aussi dénoncé cette fâcheuse tendance qu'ont nos
amis québécois à ne pas s'intéresser à nous suffisamment, et à être à
plusieurs occasions indifférents , arrogants et ignorants de ce que nous
sommes. Ce que je dis aux Québécois , c'est qu'en tant que majorité à l'intérieur
de la minorité francophone d'Amérique - ensemble on ne représente que 2% de
la population nord-américaine - ils ont la responsabilité de ne pas nous
traiter comme ils reprochent à la majorité anglophone canadienne de les
traiter. Comme nous les Acadiens du Nouveau-Brunswick, devront arrêter de le
faire par rapport aux autres Acadiens des Maritimes. Nous avons le devoir,
ensemble et entre nous, de mettre un terme à ce cercle vicieux du
dénigrement et du ressentiment mutuels. L'avenir de la francophonie en
Amérique du nord en dépend.
Il faut, comme Acadiens, ouvrir et intensifier le dialogue avec les
Québécois de toutes les allégeances politiques, qu'ils soient fédéralistes
ou souverainistes. Il faut arrêter de dramatiser sur l'éventualité de la
venue d'un Québec plus indépendant. Il faut jeter dès maintenant les bases d'accords
de réciprocité, à la René Lévesque, advenant toutes les éventualités, que ce
soit l'indépendance du Québec comme je le crois de plus en plus possible, ou
encore le renouvellement en profondeur de la constitution canadienne.
Parmi les facteurs créant les conditions favorables au cheminement du Québec
vers l'indépendance, il y a le fait que le gouvernement fédéral est de plus
en plus rébarbatif aux doléances québécoises, qui elles, sont de moins en
moins exclusivement québécoises. Le refus systématique du fédéral de
reconnaître le déséquilibre fiscal est une des plus grandes démonstrations
de cette nouvelle donnée. Même l'Alberta et l'Ontario sont entrés dans le
bal. Dans cette même logique, l'intrusion de plus en plus grande et
systématique du fédéral dans les champs de compétence des provinces que sont
l'éducation, la santé, les municipalités et autres, irritent les
susceptibilités provinciales au plus haut point. On accepte les chèques
fédéraux qui circulent à gogo tout en avalant de travers sa salive. Il y a
finalement deux autres phénomènes qui viennent renforcer la cause
souverainiste et entraîner le rejet du fédéralisme par les Québécois : ce
sont le scandale des commandites et la faiblesse du gouvernement fédéraliste
Charest .
Au delà des irritants politiques qui caractérisent les relations entre nos
deux peuples, il y a heureusement des relations à d'autres niveaux qui se
bonifient grandement. La tenue du Sommet économique Acadie-Québec du début
du mois à Edmundston doit être saluée positivement. La place de plusieurs de
nos jeunes artistes acadiens au Québec, sans que l'on dénature leur
identité, est à souligner. La présence de la Ligue du hockey junior majeur
du Québec dans sept villes des Maritimes apporte une sensibilité pour le
Québec, non négligeable chez une clientèle qui aurait tendance à être
anti-québécoise en partant. Et c'est amusant de voir des anglophones
anti-français hucher "Go, Gagné , Go" ou "Go, Bernier, Go". Il faut de plus
saluer la venue prochaine du Centre de formation médicale en Acadie grâce à
l'Université de Sherbrooke. Plein d'autres exemples semblables pourraient
aussi être mentionnés.
Une personne avertie en vaut deux, selon le dicton. Vous ne pourrez pas dire
que je ne vous ai pas averti ! D'une manière ou d'une autre, les événements
politiques courants sont en eux-mêmes des avertissements. Je crois
profondément qu'il faut que l'Acadie se prépare sereinement à toutes les
éventualités en ce qui concerne l'avenir du Québec, l'indépendance étant
plus que jamais une possibilité. Nous avons la responsabilité et le devoir
de commencer à définir dès maintenant des plans alternatifs. Nous avons
surtout à préciser , comme Acadiens du Nouveau-Brunswick, quel genre de
société plus autonome nous voulons pour nous-même. Ça pourrait faciliter nos
relations et nos discussions avec nos amis du Québec. Puisque c'est la fête
nationale du peuple québécois ce vendredi 24 juin, veuillez vous joindre à
moi pour leur souhaiter une bonne fête nationale.et même pousser l'effort et
la solidarité un petit peu plus loin en entonnant "mon cher Québec, c'est à
ton tour de te laisser parler d'amour".
Jean-Marie Nadeau
Frontenac
2005-06-22 06:11:55 UTC
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Post by Brian G. Comeaux
Une personne avertie en vaut deux, selon le dicton. Vous ne pourrez pas dire
que je ne vous ai pas averti ! D'une manière ou d'une autre, les
événements politiques courants sont en eux-mêmes des avertissements. Je
crois profondément qu'il faut que l'Acadie se prépare sereinement à toutes
les éventualités en ce qui concerne l'avenir du Québec, l'indépendance
étant plus que jamais une possibilité. Nous avons la responsabilité et le
devoir de commencer à définir dès maintenant des plans alternatifs. Nous
avons surtout à préciser , comme Acadiens du Nouveau-Brunswick, quel genre
de société plus autonome nous voulons pour nous-même. Ça pourrait
faciliter nos relations et nos discussions avec nos amis du Québec.
Puisque c'est la fête nationale du peuple québécois ce vendredi 24 juin,
veuillez vous joindre à moi pour leur souhaiter une bonne fête
nationale.et même pousser l'effort et la solidarité un petit peu plus loin
en entonnant "mon cher Québec, c'est à ton tour de te laisser parler
d'amour".
Jean-Marie Nadeau
Alors je pense que la mentalité acadienne envers le Québec de demain évolue
dans le bon sens.
Gilmo
2005-06-22 11:59:44 UTC
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Merci pour les bons souhaits ainsi que cette intervention
dont je suis d'accord sur l'ensemble, malgré que j'ai une
couple de bonnes hésitations sur keuk détails !

Pourquoi les Acadiens ne formeraient pas leur
propre Parti fédéral du moins; LE BLOC ACADIEN ?

Me semble que les Acadiens méritent de se distinguer
aussi bien politiquement que culturellement !

Kécéki vous en empêcherait, hein ?

!!

Gilmo
Post by Brian G. Comeaux
Bonne fête, Québec!
Mon collègue éditorialiste Maurice Rainville se demandait il y a quelques
semaines "Où es-tu Québec? " en s' interrogeant sur sa visibilité en Acadie.
La question méritait d'être posée ! Pourtant, on ne peut pas nier que tout
ce qui se passe au Québec français crée des remous en Acadie, comme tout ce
qui se passe chez le géant américain a des incidences sur le Canada.
Ce ne sont pas les Acadiens qui vont décider des choix politiques québécois.
Mais, cette fois-ci, il serait naïf de notre part de prendre nos rêves pour
des réalités en refusant de croire que le Québec est plus près qu'il ne l'a
jamais été de son indépendance. Dans ce dossier, je suis, pour une des
premières fois probablement, le moins naïf d'entre-nous.
Il ne faut pas partir en peur pour autant. Le pays auquel pourrait accéder
le Québec n'est plus du tout le même que celui auquel aspiraient les
premiers indépendantistes des années soixante (60). Il n'y a plus dans le
monde ce genre de pays isolé, refermé sur lui-même, auto-suffisant dans son
coin. Tous les pays , quels qu'ils soient , sont devenus de plus en plus
interdépendants.
Jusqu'à maintenant, on a regardé la démarche québécoise vers plus d'autonomie
comme une démarche égoïste avant tout , de même que comme un geste de
traîtrise par rapport à nous, les Acadiens et les autres francophones au
pays. On a développé des sentiments d'abandon et de rancour par rapport aux
Québécois. Ça s'appelle aussi du ressentiment.
Étant tous des francophones d'Amérique et étant , nous Acadiens, reconnus
également comme l'un des deux peuples francophones d'Amérique avec les
Québécois, on n'a pas les moyens d'avoir du ressentiment entre-nous. Nous
devons nous comporter de part et d'autre de façon responsable face aux uns
et aux autres, afin d'assurer l'épanouissement et la pérennité des
francophonies d'Amérique. En tant que deux peuples francophones frères d'Amérique,
nous n'avons plus le droit de nous entre-déchirer.
J'ai déjà dénoncé en ces pages cette plaie du "Québec-bashing" que l'on
retrouve trop présente en Acadie. J'ai trop d'amis acadiens qui dénigrent
systématiquement tout ce qui est québécois, que ça soit fédéraliste ou
souverainiste. Mais j'ai aussi dénoncé cette fâcheuse tendance qu'ont nos
amis québécois à ne pas s'intéresser à nous suffisamment, et à être à
plusieurs occasions indifférents , arrogants et ignorants de ce que nous
sommes. Ce que je dis aux Québécois , c'est qu'en tant que majorité à l'intérieur
de la minorité francophone d'Amérique - ensemble on ne représente que 2% de
la population nord-américaine - ils ont la responsabilité de ne pas nous
traiter comme ils reprochent à la majorité anglophone canadienne de les
traiter. Comme nous les Acadiens du Nouveau-Brunswick, devront arrêter de le
faire par rapport aux autres Acadiens des Maritimes. Nous avons le devoir,
ensemble et entre nous, de mettre un terme à ce cercle vicieux du
dénigrement et du ressentiment mutuels. L'avenir de la francophonie en
Amérique du nord en dépend.
Il faut, comme Acadiens, ouvrir et intensifier le dialogue avec les
Québécois de toutes les allégeances politiques, qu'ils soient fédéralistes
ou souverainistes. Il faut arrêter de dramatiser sur l'éventualité de la
venue d'un Québec plus indépendant. Il faut jeter dès maintenant les bases d'accords
de réciprocité, à la René Lévesque, advenant toutes les éventualités, que ce
soit l'indépendance du Québec comme je le crois de plus en plus possible, ou
encore le renouvellement en profondeur de la constitution canadienne.
Parmi les facteurs créant les conditions favorables au cheminement du Québec
vers l'indépendance, il y a le fait que le gouvernement fédéral est de plus
en plus rébarbatif aux doléances québécoises, qui elles, sont de moins en
moins exclusivement québécoises. Le refus systématique du fédéral de
reconnaître le déséquilibre fiscal est une des plus grandes démonstrations
de cette nouvelle donnée. Même l'Alberta et l'Ontario sont entrés dans le
bal. Dans cette même logique, l'intrusion de plus en plus grande et
systématique du fédéral dans les champs de compétence des provinces que sont
l'éducation, la santé, les municipalités et autres, irritent les
susceptibilités provinciales au plus haut point. On accepte les chèques
fédéraux qui circulent à gogo tout en avalant de travers sa salive. Il y a
finalement deux autres phénomènes qui viennent renforcer la cause
souverainiste et entraîner le rejet du fédéralisme par les Québécois : ce
sont le scandale des commandites et la faiblesse du gouvernement fédéraliste
Charest .
Au delà des irritants politiques qui caractérisent les relations entre nos
deux peuples, il y a heureusement des relations à d'autres niveaux qui se
bonifient grandement. La tenue du Sommet économique Acadie-Québec du début
du mois à Edmundston doit être saluée positivement. La place de plusieurs de
nos jeunes artistes acadiens au Québec, sans que l'on dénature leur
identité, est à souligner. La présence de la Ligue du hockey junior majeur
du Québec dans sept villes des Maritimes apporte une sensibilité pour le
Québec, non négligeable chez une clientèle qui aurait tendance à être
anti-québécoise en partant. Et c'est amusant de voir des anglophones
anti-français hucher "Go, Gagné , Go" ou "Go, Bernier, Go". Il faut de plus
saluer la venue prochaine du Centre de formation médicale en Acadie grâce à
l'Université de Sherbrooke. Plein d'autres exemples semblables pourraient
aussi être mentionnés.
Une personne avertie en vaut deux, selon le dicton. Vous ne pourrez pas dire
que je ne vous ai pas averti ! D'une manière ou d'une autre, les événements
politiques courants sont en eux-mêmes des avertissements. Je crois
profondément qu'il faut que l'Acadie se prépare sereinement à toutes les
éventualités en ce qui concerne l'avenir du Québec, l'indépendance étant
plus que jamais une possibilité. Nous avons la responsabilité et le devoir
de commencer à définir dès maintenant des plans alternatifs. Nous avons
surtout à préciser , comme Acadiens du Nouveau-Brunswick, quel genre de
société plus autonome nous voulons pour nous-même. Ça pourrait faciliter nos
relations et nos discussions avec nos amis du Québec. Puisque c'est la fête
nationale du peuple québécois ce vendredi 24 juin, veuillez vous joindre à
moi pour leur souhaiter une bonne fête nationale.et même pousser l'effort et
la solidarité un petit peu plus loin en entonnant "mon cher Québec, c'est à
ton tour de te laisser parler d'amour".
Jean-Marie Nadeau
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